Dans la page d’accueil de son site, Olivier Ott se met
en scène comme un Don Quichotte bricolant ses vieilles
ferrailles pour leur donner une seconde vie.
Cette entreprise a pu sembler plaisante aux premiers
lecteurs du roman de Cervantès qui considéraient ce
qui est bas comme fondamentalement comique.
Mais il y a bien longtemps que l’on sait –au moins depuis
Lukacs en ce qui concerne la poétique du roman- que
l’imagination est capable d’ennoblir cette matière méprisée
pour lui donner une forme nouvelle et pour qu’elle devienne
l’expression de nos sentiments.
Et c’est bien ce que confirme le «fer avec» d’Olivier Ott
qui est le fruit de la rencontre de vieilles ferrailles mises
au rancart façonnées par des outils forgés pendant de
longues années de travail intellectuel.
Cette rencontre produit des résultats étonnants : une vieille
serrure traduit la solitude et l’inquiétude de l’homme
contemporain, des pinces à pantalons figurent l’effort de
deux personnages arc-boutés pour se prendre au «collier»
et pour envoyer l’autre par-dessous la pierre tombale qui
sert de pré à leur combat.
Les mythes disent un affrontement constant entre la vie
et la mort adouci par l’ironie (l’ombrelle, la capeline et les
jupons-ressorts de Madame de Fleurville!) et par
«l’optimisme souriant » et « la douceur franciscaine»
qu’Olivier Ott prêtait dans un de ses articles à l’auteur du
Libro de Buen Amor mais qui lui appartient également
en propre.
Aussi pourrait-on dire des œuvres d’Olivier Ott qu’elles
sont comparables au Don Quichotte qui, selon la formule
du poète contemporain José Hierro, «raconte avec amour
et avec douleur les aventures d’un homme qui croit à la
liberté, à la bonté, à la justice».
Jacques Soubeyroux, 10 mai 2010