Ce montage est inspiré par les deux écussons existants de cette ville qui m’est familière, située dans le Velay oriental dit “Velay d’au delà les bois”.
Sur le premier écusson, de couleur bleue (“azur”) sont disposées trois fleurs de lys à l’imitation des armoiries royales de France mais avec cette différence que ces Lys sont blancs (“d’argent”) et non d’or. Il s’agissait, sous l’Ancien Régime, de figurer la hiérarchie administrative de Montfaucon siège d’un Bailliage..
Sur le second, une tour crénelée, de couleur rouge (de “gueules”) munie d’une porte se tient au dessus d’une “terrasse” de couleur bleue (“d’azur”). Un faucon (“au naturel”) est perché sur un des merlons. Il s’agit de l’emblème de la ville hors fonction administrative et cette figure est fondée sur un simple jeu de mots comme ce fut souvent le cas.
Les deux écussons ont été réunis en superposant quatre types d’éléments matériels.
A la base de la construction, une bassine en fer blanc retournée et privée de ses anses pour figurer la “terrasse” (le “mont”). Peinte partiellement en bleu elle est ornée de trois lys en fer découpé et vissé puis peint en blanc.
Une embouchure de grosse canalisation en fonte figure le corps cylindrique de la tour. Elle aussi n’est peinte que partiellement, en rouge, chaque touche de peinture évoquant une pierre de l’édifice.
Des coins d’acier peints industriellement en rouge sont disposés en couronne autour de la partie supérieure de la “tour”. Ces équerres servaient à protéger de lourdes machines durant un transport. Au nombre de huit, ils figurent les merlons entre les créneaux de la tour.
Des tenailles ayant perdu une de leurs mâchoires dessinaient assez bien la silhouette élancée du rapace, deux lames de couteaux évoquant les ailes étoffaient le corps mince de l’oiseau agrippé, grâce un crochet d’acier en S, à l’un des merlons. Peint “au naturel” comme le précise la traditionnelle description héraldique, il représente un faucon pélerin.
La superposition de ces éléments fait sens chronologique.La base est l’élément ancien. C’est la fonction passée de la ville. C’est aussi pour cette raison que la couleur “d’azur” s’efface partiellement, laissant reparaître le fer blanc de la bassine évoquant ce qui ne cesse pas, ne disparaît jamais : le travail des femmes qui lavent et transportent, épluchent et rincent depuis des siècles.
Le même système symbolique est observable dans la façon de peindre le tronc de la tour. La teinte rouge évoque une construction pierre à pierre et non une tour achevée. C’est une pensée pour le travail, des gens, femmes et hommes, qui chaque jour font leur ville en l’habitant.
Par contraste, la couronne de merlons tous pareils évoque le destin industriel que cherchent à se donner les huit communes participant à la Communauté du Pays de Montfaucon (les sept merlons sans oiseau : Raucoules, Montregard, Saint-Bonnet-le Froid, Saint-Julien-Molhesabate, Riotord, Dunières, Saint-Romain-Lachalm). C’est l’avenir dont certains rêvent.
Et précisément, à l’intention de ceux-là, le faucon perché signifie la nature sauvage, celle qu’à trop aplatir, à trop empoisonner, à trop négliger, nous risquons, nous les humains, travailleurs pourtant de bonne volonté, de voir s’envoler à jamais.